Les escarres "réponse d’un pro" - Dr Thierry Albert - (Faire Face Paratetra)
mercredi 26 mars 2008

Questions posées au Dr Thierry Albert - Centre de rééducation fonctionnelle de Coubert (Seine et Marne).

Les escarres : les prévenir !

Citations : « On peut tout mettre sur une escarre, sauf le malade ! »

L’été a été très chaud ! La peau respirant peu, le moindre bouton de chaleur chez les personnes para ou tétraplégiques risque de s’infecter en quelques jours, engendrant une escarre. Comment favoriser la cicatrisation de ces plaies ?

Les réponses du docteur Thierry Albert, du Centre de rééducation fonctionnelle de Coubert (Seine-et-Marne).

- Question 1 - J’ai une plaie propre sous ischion, sans nécrose, non creuse, et qui représente environ le diamètre d’une pièce de 2 euros. J’essaie de rester le plus possible au lit afin qu’elle disparaisse mais seulement trente minutes par jour au fauteuil semble empêcher que la plaie ne se referme. Comment faire ?

  • Docteur Thierry Albert : Attention, même sans nécrose (plaque noire), l’escarre peut être profonde ! C’est le piège des escarres ischiatiques ! Il faut d’abord consulter pour connaître réellement sa profondeur. Sinon, la seule solution est la décharge permanente 24 heures sur 24 plusieurs jours de suite. C’est seulement quand l’escarre est complètement fermée et que les tissus ont retrouvé une consistance normale au toucher que vous pourrez vous remettre progressivement au fauteuil trente minutes par jour sur un coussin adapté.

- Question 2 - Paraplégique depuis trois ans, âgé de 35 ans, je ne connais pas bien les règles d’hygiène de base quant à la cicatrisation des escarres, surtout en matière d’alimentation, de vitamines et de compléments alimentaires. Quelles sont-elles ?

  • Docteur Thierry Albert : Manger normalement, équilibré, comme il est conseillé de s’alimenter dans les pays occidentaux. Les suppléments vitaminiques ne servent à rien. C’est l’absence d’appui et les soins de base qui priment.

- Question 3 - Pour soigner les escarres, j’entends beaucoup parler d’huile, de miel de lavande ou de romarin à appliquer sur la plaie. Qu’en pensez-vous ?

  • Docteur Thierry Albert : « On peut tout mettre sur une escarre, sauf le malade », disait le professeur Raymond Vilain, chirurgien à l’hôpital Boucicaut à Paris. L’huile est utilisée en massage préventif pour garder la peau souple et hydratée, diminuant le facteur de risque. Le sucre et le miel ont des vertus de nettoyage et de lutte contre les bactéries. Pour ma part, je n’utilise jamais ce type de produit car ils ne sont pas classiquement utilisés en médecine aujourd’hui.

- Question 4 - Tétraplégique depuis dix-sept ans, marié et père de quatre enfants, j’ai 45 ans. Actuellement, mes escarres sont propres, très peu larges, sans suintement ni nécrose. Par contre, bien que stationnaires depuis un an, elles sont très profondes. J’ai essayé plusieurs protocoles mais sans résultat. Avez-vous des informations sur les nouveaux soins au niveau du sacrum ?

  • Docteur Thierry Albert : Il n’y a pas de nouveaux soins mais de bons vieux principes. Respectez la première règle qui est la décharge : ne dormez pas sur le dos et ne vous appuyez pas sur le sacrum, surtout en position semi-assise. Si vos escarres sont très profondes, vous avez peut-être besoin d’être opéré. C’est parfois une bonne indication. En effet, la chirurgie de recouvrement (autogreffe avec de la peau saine) donne alors des résultats plus solides qu’une cicatrice classique.

Propos recueillis par Carole Bourgeois, journaliste Faire Face