Le retour à domicile après le séjour en centre de réadaptation
mercredi 26 mars 2008

Les phases de deuil après la survenue d’un handicap

Par Nathalie Zaccomer : Psychologue à APF Ecoute Infos (octobre 2007) Texte ci-dessous.

Elisabeth Kübler-Ross a présenté un modèle théorique des phases de deuil (déni, révolte, marchandage, dépression, acceptation) que l’on rencontre également après la survenue d’un handicap.

Par rapport à ce qu’elle décrit, certaines formules vont ajouter la phase de pardon (après la révolte et la dépression). Il est décrit également après la phase d’acceptation et d’adaptation à la réalité, une phase de mise en oeuvre d’actes concrets où l’on "range" le passé, puis une phase de pardon à soi même et aux autres, enfin une phase d’"héritage", fruit du deuil : c’est le retour d’une énergie positive pour réinvestir des choses et des personnes, enfin la phase où la personne ose signifier à son entourage qu’elle n’est plus en deuil (reprend des contacts...).

Ces modèles théoriques permettent d’avoir des repères mais il faut bien garder à l’esprit que dans la réalité rien n’est figé et dépassé une bonne fois pour toutes. Une phase de révolte ou de dépression peut revenir à l’occasion d’un événement qui va confronter à nouveau au handicap brutalement.

Les prises de conscience sont d’abord partielles avant d’être globales et souvent c’est aussi au fur et à mesure que des solutions sont adoptées sur le plan pratique, que ces prises de conscience se font. Autrement dit, la négociation du deuil de ce que la personne était avant est inséparable des processus de rééducation et de réaménagement de l’environnement. Cela se fait progressivement. C’est pourquoi, une adaptation technique et environnementale trop longue (problèmes de financement, ....) peut faire durer dans le temps par exemple une phase de dépression qui, peut-être, dans un cas contraire, aurait été moins longue...

Inévitablement, une fois de retour à domicile après son séjour initial en Centre de Réadaptation, à chaque fois qu’un problème va devoir être résolu, la personne va faire la comparaison par rapport à ce qui se passait avant ou par rapport à la facilité de la prise en charge en Centre de Réadaptation où l’environnement était étudié pour cela. Cela peut la replonger dans la révolte ou l’abattement ; c’est pourquoi, il peut être important de l’aider à fixer ses priorités par rapport à la résolution des différents problèmes, en créant, si nécessaire, un échéancier.

Tout en restant centré sur ce qu’elle souhaite, il faut aussi pouvoir introduire par petites touches des éléments qu’elle ne souhaite pas ou auxquels elle ne pense pas, pour qu’elle fasse son chemin en y réfléchissant. La difficulté réside sans doute dans le fait d’oser confronter parfois la personne à des situations de difficulté (quand on la sent suffisamment solide pour cela) de manière à faire naître la demande...

Lors du retour à domicile, se rencontrent à la fois le passé qui n’est plus et un avenir à construire. Tant que la personne peut faire des projets, même à court terme (surtout peut-être au départ), elle est dans le désir, donc dans une reconstruction ; ce qui est plus long et plus difficile à mettre en place car cela suppose un réaménagement identitaire, c’est un nouveau projet de vie qui suppose d’avoir trouvé un nouveau sens à sa vie. Il est vrai que certains aménagements pratiques devront être revus une fois que cette élaboration aura pu se faire. Mais sur le plan pratique, une personne peut savoir très vite si elle préfère une baignoire ou une douche accessible dans sa salle de bain.

Toute expérimentation pratique mettant en jeu le corps peut, de toutes façons, aider la personne à réinvestir celui-ci de manière positive dans la mesure où elle voit qu’elle "peut en faire quelque chose" malgré tout. Cela peut contribuer à remettre en place une nouvelle image du corps avec laquelle elle se sent en accord.

Nathalie Zaccomer Psychologue - APF ECOUTE INFOS (octobre 2007)